II-2.1. L'enseignement différencié
Différencier « ... consiste à mettre en œuvre un ensemble diversifié de moyens et de procédures d'enseignement et d'apprentissage afin de permettre à des apprenant(e)s d'âges, d'aptitudes, de compétences et de savoir-faire hétérogènes d'atteindre par des voies différentes des objectifs communs et, ultimement, la réussite éducative. » (CSE, 2001 dans Caron, 2003). Elle tient compte de la diversité des styles cognitifs des apprenant(e)s et permet d'établir une relation directe avec lui, favorisant ainsi la verbalisation de ses difficultés et la prise de conscience de ses capacités à les surmonter. La différenciation pédagogique peut concerner un apprenant(e) ou un groupe d'apprenant au sein d'une classe.
II-2.2. Le tutorat
C'est une modalité d'accompagnement pédagogique consistant, pour un tuteur, à apporter un appui complémentaire aux actions du professeur à un(e) apprenant(e) ou un nombre limité d'apprenant(e)s rencontrant généralement des difficultés dans l'apprentissage. Le tuteur appelé encore «facilitateur d'apprentissage», «coach», ou «mentor» peut être un enseignant professionnel, un étudiant, un parent, un pair plus avancé qui apporte à l'apprenant(e) un soutien pédagogique personnalisé centré sur les compétences à maîtriser.
On en distingue deux types :
le premier appelé « tutorat organisationnel » met en jeu des apprenant(e)s de classes différentes avec une différence d'âge d'au moins trois ans. Cette pratique est complexe à mettre en œuvre car elle nécessite une organisation spécifique, des aménagements dans les emplois du temps de deux ou plusieurs classes, un accompagnement des tuteurs et une mobilisation de l'équipe pédagogique. Cette pratique a fortement mobilisé les chercheurs en sciences de l'éducation et s'avère très féconde du point de vue de la prise en charge effective de l'hétérogénéité des apprenants qui devient alors ressource et non plus obstacle.
La seconde forme de tutorat, que l'on rencontre plus régulièrement dans les classes est appelée « tutorat spontané » ou ouvert. Il a lieu dans le déroulement habituel de la classe et s'appuie sur la qualité des relations sociales dans la classe. Cette forme de tutorat est basée sur l'entraide et la coopération entre apprenant(e)s : un apprenant(e)en aide un(e) autre.
Le tutorat, quelle que soit sa forme, ne saurait remplacer l'intervention du professeur même si, au plan affectif, l'apprenant(e)se sent plus à l'aise en face de son pair. En outre, le risque de cette pratique est de voir le tuteur donner les solutions à son camarade, le rendant ainsi passif et dépendant.
II-2.3. Le travail en groupe
Une démarche parmi tant d'autres :
les apprenant(e)s sont répartis en petits groupes de 3 à 5, qui ne soient ni trop homogènes ni trop hétérogènes ;
une/des tâches précises sont assignées à chaque groupe d'apprenant(e)s, conformément aux besoins identifiés. Tous les groupes peuvent travailler également sur le même objet ;
ces derniers travaillent d'abord seuls (conflit cognitif) et confrontent ensuite leurs résultats (conflit sociocognitif) ;
le professeur procède à la régulation.
Cette modalité a pour avantage de créer des conditions d'échanges entre apprenant(e)s autour d'une même activité. Tous ont la possibilité de participer, de manipuler et d'expérimenter. Ils se sentent mieux impliqués et responsabilisés dans un travail donné. Le professeur, en supervisant les ateliers, a la possibilité de coacher chaque groupe.
II-2.4. Le travail en ateliers
Les ateliers ont pour but de mobiliser les apprenant(e)s autour de différentes activités. La diversité des situations proposées apporte diverses réponses aux difficultés. En raison de son caractère pratique et ludique, l'organisation en ateliers motive davantage les apprenant(e)s et permet au professeur d'effectuer une observation directe des démarches et procédures des apprenant(e)s en leur apportant une soutien plus systématique qu'en situation d'apprentissage initial.
La répartition des apprenant(e)s dans les différents groupes varie selon les objectifs visés. Pour favoriser une dynamique de groupe, les apprenant(e)s les plus performants motivent et aident les autres dans leurs progressions. Dans le cas de groupes homogènes, le soutien a une visée plus collective.
II-2.5. L'étayage
C'est l'ensemble des interactions d'assistance de l'adulte qui permet à l'apprenant(e)s d'apprendre à organiser sa démarche afin de pouvoir résoudre seul un problème qu'il ne savait pas résoudre au départ. Le soutien de l'adulte consiste à l'assister dans les tâches qui dépassent les capacités de l'apprenant, tout en lui permettant de se concentrer sur celles qu'il/elle sait réaliser en autonomie (selon le principe de la ZPD de Vygotski6 ). Il consiste à soutenir, à accompagner l'apprenant(e) en situation d'apprentissage sans se substituer à lui.
Bruner présente le processus de l'étayage en sept points (ou fonctions) :
L'enrôlement : éveiller l'intérêt de l'enfant, faire en sorte qu'il soit intéressé par la tâche à réaliser.
La réduction des degrés de liberté : simplifier la tâche, décomposer l'objectif principal de la tâche en sous-buts que l'enfant parviendra aisément à atteindre. 3. Le maintien de l'orientation : éviter que le novice ne s'écarte du but assigné par la tâche.
La signalisation des caractéristiques déterminantes : indiquer ou souligner les caractéristiques pertinentes pour son exécution.
Le contrôle de la frustration : éviter que les erreurs du novice ne se transforment en sentiment d'échec ou de résignation.
La démonstration ou présentation de modèles : consiste en la présentation d'un modèle par l'adulte, d'un essai de solution.
Le contrôle de la frustration : encourager l'apprenant, valoriser ses moindres réussites et dédramatiser ses erreurs pour qu'elles ne le mènent pas au découragement.